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Nouveaux matériaux : la méthode essai-erreur

Les skippers IMOCA ont aussi voté une règle leur permettant d'expérimenter de nouveaux matériaux. Une approche qui vise un avenir où les composites en fibre de carbone ne constitueront pas la totalité de la construction des bateaux. Les équipes sont donc autorisées à faire preuve de créativité avec des fibres nouvelles ou alternatives (lin, chanvre, carbone recyclé), des bio-résines ou des thermoplastiques et différents éléments de base comme le balsa, le PET recyclé ou le liège, pour construire des pièces amovibles comme une table à cartes ou un siège de navigation par exemple.
 
Pour l'instant, les équipes sont incitées à fabriquer un maximum de 100 kg de ces pièces, qui seront déduites du poids total de jauge de l'IMOCA - ce qui ajoute un petit avantage concurrentiel. Ainsi, Biotherm, Bureau Vallée, Groupe APICIL, Team Malizia ou encore V and B-Monbana-Mayenne sont quelques-unes des équipes qui ont saisi l'occasion de tester cette nouvelle règle.
 
L’équipe de Damien Seguin, Groupe APICIL, a spécifiquement engagé l’ingénieure Marie Van Den Heede pour créer des pièces sur mesure : "Nous n'avons pas seulement réalisé des supports de composants électroniques mais aussi tout le plancher de matossage à l'arrière. Nous avons également commencé à caractériser les matériaux, car les propriétés de la fibre de lin sont très variables. Ces données seront ensuite partagées avec l'ensemble de la Classe, ce qui nous permettra d'améliorer nos connaissances sur ces matériaux alternatifs".

220523SGN DJI 0105© Jean-Marie Liot/Groupe APICIL

Chez Team Malizia, l’équipe de Boris Herrmann a travaillé avec GreenBoats, un fabricant de composites durables basé à Brême, en Allemagne. Leur expertise porte sur les composites renforcés de fibres naturelles (NFC), mais c'est en travaillant avec le Team Malizia qu'ils ont pu aligner leur process avec les exigences de la compétition, allant jusqu’à créer des pièces plus légères qu’un équivalent en carbone.

Propulser l'industrie du recyclage du carbone
 
La fibre de carbone est chargée de propriétés qui améliorent les performances, la sécurité et la longévité. Même si la durée de vie d'un produit en carbone est relativement longue, il y a toujours une fin et, là encore, il est possible d’innover.
 
Actuellement, le recyclage est possible et se développe. Cependant, de nombreuses industries (aérospatiale, éolienne, etc.) ne s'en préoccupent pas encore. Sur les 56 000 tonnes de déchets de fibre de carbone produites dans le monde l'année dernière, moins de 1 000 ont été recyclées.
 
C'est là que l'IMOCA a commencé à jouer un rôle intéressant. Grâce à l’impulsion de 11th Hour Racing Team, l'accent a été mis sur un projet de recherche qui permet aux recycleurs de fibres de carbone comme Gen2Carbon d'améliorer leurs techniques de recyclage. « Le secteur maritime offre une opportunité d’être des pionniers en matière de déchets en aidant à développer une compréhension des besoins de traitement des matériaux en fin de vie, des problèmes que cela soulève et du rôle potentiel des fibres recyclées dans une économie circulaire, » confie Mark Hitchmough, PDG de Gen2Carbon.
 
Jusqu'à présent, des équipes comme MACSF, CORUM L’Épargne, 11th Hour Racing Team et des fournisseurs comme C3 technologies et Avel Robotics ont fourni 10 tonnes de déchets de fibres prêtes à être recyclées. Mais cela ne s'arrête pas là. La fibre de carbone recyclée sera utilisée directement sur les pièces amovibles de l'IMOCA ou dans les moules, ce qui nous ramène à la case départ et souligne une fois de plus le rôle de laboratoire de nos bateaux.

P1566238© Antoine Auriol/Team Malizia