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La prise de conscience et les progrès en matière de recherche de solutions au problème des bateaux heurtant les mammifères marins en mer augmentent, selon Claire Vayer, directrice sustainability de l’IMOCA.

Ce mercredi, sur le village départ de The Transat CIC à Lorient, le Marine Mammal Advisory Group (MMAG) a réuni un public de parties prenantes de la course au large, montrant alors l’élan grandissant derrière ce projet. 

« C'est un problème complexe avec une série de solutions complémentaires sur lesquelles nous avons tous la mission de travailler ensemble. Le principal point de progrès est que tout le monde veut maintenant s'y attaquer et travailler dessus », explique Claire qui, aux côtés de Damian Foxall, ancien manager sustainability chez 11th Hour Racing et coordinateur du MMAG, a organisé cette réunion. 

« Il y a quelques années, il y avait une sorte d'omerta sur cette question », ajoute Claire Vayer. « Mais aujourd'hui, nous sommes contactés par des intervenants du monde de la course au large au sens large, non seulement à l’IMOCA; mais aussi dans d'autres classes, organisations et équipes. La richesse de cela est qu'il implique également des organisations externes, comme des organismes scientifiques, qui se joindront à nous pour travailler sur le sujet. »

Le MMAG - dont les intervenants incluent à la fois l’IMOCA, 11th Hour Racing, World Sailing et The Ocean Race - poursuit plusieurs approches pour tenter d'atténuer et de réduire les cas de mammifères marins heurtés par les bateaux de course au large. 

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Lors de la dernière édition de la Transat Jacques Vabre, de nombreux IMOCA ont été équipés pour la première fois de la technologie Hazard Button, incorporée dans leur logiciel de navigation (ADRENA). Cela permet aux skippers d'alerter les autres bateaux ainsi que la direction de course en temps réel s'ils heurtent ou observent des mammifères marins sur le parcours. Cela aide à constituer une base de données sur l'emplacement de ces derniers, qui peut ensuite être utilisée pour mettre en place des zones d'exclusion ou modifier les parcours afin d’éviter les zones en forte de fréquentation. C'est aussi une occasion pour recueillir des données pour des bases de données scientifiques.

The Transat CIC a placé la ligne d’arrivée de sa course à 100 milles des côtes et la course retour, la New York Vendée-Les Sables d'Olonne, a fait de même pour son départ. 

Pour Claire Vayer, la technologie Hazard Button a un énorme potentiel. « L'objectif est de développer un système global », déclare-t-elle. « Pour l'instant, nous utilisons notre logiciel de routage, mais nous travaillons sur une base de données globale qui pourrait recueillir des informations à partir d'autres systèmes de signalisation utilisés par d’autres usagers de la mer. Notre objectif est le partage d'informations mondial sur les collisions et les observations. » 

En parallèle des travaux sur le « Hazard Button », la Classe IMOCA développe le système EXOS 2024. Celui-ci combine la vision artificielle, la fusion multi-capteurs et l'utilisation de l'autopilote d'un bateau pour repérer les obstacles à la surface de l'eau et, à la fin, y répondre par l'évitement automatique de collision.

« Aujourd'hui, nous n'avons pas la solution exacte qui peut résoudre le problème de l'activité sous-marine devant un bateau », explique Claire Vayer. « Donc, pour l'instant, notre travail consiste à travailler sur une combinaison de solutions et de fusionner des informations dans EXOS 2024. Cela utilisera des informations provenant du GPS, de l'AIS et de la caméra thermique et optique Sea.AI en haut du mât. L'idée est d'informer le pilote afin qu’il puisse agir lorsqu'il détecte un mouvement au-dessus de l'eau et de former une nouvelle technologie de détection combinée.»

Claire Vayer souligne que l’objectif est que la plupart des IMOCA aient ce système. Trois bateaux l’essaieront sur The Transat CIC et d’autres le mettront en place d’ici le Vendée Globe à la fin de l’année. 

Ed Gorman (traduit de l’anglais)